Conakry: la crise de carburant persiste toujours, les stations-service prises d’assaut

Depuis l’explosion du principal dépôt d’hydrocarbures de Kaloum, les stations-service ne désemplissent pas. Ce mercredi 3 janvier 2023, plusieurs stations visitées ne servent pas et les quelques-unes qui fonctionnent sont bondées de monde.

Sur 10 stations se trouvant sur le tronçon Cosa-Bambeto et sur la transversale N⁰3 et sur la route de Nongo-Lambanyi une seule station était en train de servir sans interruption et les restes, soit c’est fermé ou les pompistes décident qui servir, quand servir sous l’œil  impuissant des usagers.

Trouvé à la station dans une file, Amadou Sow conducteur de tricycle avec un réservoir plein de 7 litres, patiente dans l’espoir d’être servi à l’ouverture des pompes et avec ce plein il ne pourra faire que 5 voyages avant de passer dans une station.  » Depuis l’incident de Coronthie, les gens ont eu beaucoup de difficultés parce que pour pouvoir travailler il faut être très matinal et rester à la station pendant 2 à 3 heures du temps pour avoir du carburant. Et dans d’autres stations, ils disent de  patienter dans un espoir incertain. Malgré les innombrables embouteillages, les pompistes refusent de nous servir le plein du réservoir à 7 litres, ils nous disent que s’ils vont mettre le plein il faut qu’on glisse 10000 à 20000 dans leurs poches »

Poursuivant, cet usager sollicite les autorités de chercher des moyens pour pallier  cette souffrance des citoyens. « Ils n’ont qu’à voir si c’est possible de reconstruire le dépôt, de le faire ou de construire des nouveaux dépôts à divers endroits (…). Les citernes qui partent à la recherche du carburant, à leur retour, ils trouveront que le stock est fini et s’ils font le dépotage dans les stations en une journée c’est fini encore. Sincèrement les gens ne travaillent pas normalement »

Ibrahima Tounkara, usager trouvé à bord de sa voiture a, à l’image des plusieurs automobilistes, passé près de 3 heures dans la station. Il explique son calvaire qui dure depuis des jours à la recherche de l’or noir. « Nous rencontrons d’énormes difficultés en ce qui concerne le carburant parce que tu peux rester dans la file et ton tour arrive les pompistes disent qu’ils ont arrêté la desserte. Et maintenant là ils ne travaillent pas. Nous sommes dans l’espoir de trouver du carburant. Presque chaque jour je viens pour m’approvisionner en carburant mais le problème c’est que je n’en trouve pas »

Pour finir, M. Tounkara formule des doléances auprès des décideurs:  « Je demande aux autorités de bien vouloir nous épauler au niveau des différentes stations parce que parfois les pompistes préfèrent d’autres personnes qui leur donnent de l’argent que nous qui prenons juste 10 à 15 litres. Et à ce stade, si l’État ne fait pas le nécessaire pour reguler ce problème nous risquons d’avoir d’énormes difficultés ».

À la station de Petit Simbaya, le pompiste trouvé sur la place a fait savoir qu’il ne reste que près de 2000 litres dans les réservoirs et ces litres serviront de stock ou pour des cas d’urgences. À la station de Camp Carrefour située en face du camp Alpha Yaya Diallo, un responsable trouvé assis dans son bureau a laissé entendre qu’ils ont arrêté l’approvisionnement pour ce mercredi. Même devant nous, une grosse cylindrée et un militaire sur une moto Apache, arborant une tenue ont été servis sous les cris des motards. Le pompiste est resté assis dans son bureau en observant les citoyens sous le soleil à travers la baie vitrée.