Noël : les fidèles chrétiens entre joie, inquiétude et difficultés après l’incendie de Kaloum

Dans quelques heures, alors que le monde s’apprête à célébrer la fête de Noël, les fidèles chrétiens de Guinée se préparent à commémorer la naissance de Jésus Christ, tout comme leurs pairs à travers le globe. Cependant, cette célébration annuelle est enveloppée dans un contexte de crise, conséquence tragique d’une explosion survenue dans le principal dépôt d’hydrocarbure. L’incident a entraîné la perte de 23 vies, causé la blessures de près de 300 personnes et provoqué d’importants dommages matériels.

Au sein de la paroisse Sainte Thérèse d’Entag et parmi ses fidèles, la période de préparation pour cette célébration est marquée par des défis imprévus. Les conséquences de cette explosion ont créé un contexte difficile, exigeant des ajustements et des efforts accrus pour maintenir la tradition et l’importance de cette fête religieuse malgré les circonstances adverses.

Paul Loni Falé, le Prêtre Curé de l’église Sainte Thérèse d’Entag, s’est exprimé sur cette actualité : « Ce qui est arrivé à notre pays dans ces derniers temps surtout à la veille de la fête est un évènement vraiment malheureux et très inquiétant surtout. C’est au niveau de tous les Guinéens ce n’est pas seulement au monde chrétien. Du côté des chrétiens surtout qui veulent la fêter dans la plus grande sérénité et une grande solennité, la difficulté c’est au niveau des déplacements. Surtout ceux qui habitent loin, ça va peser sur eux », introduit-il.

Il a par la suite mis l’accent sur les incessants appels des fidèles qu’il reçoit pour une éventuelle aide à la communauté chrétienne. « Les fidèles commencent déjà à m’appeler pour demander comment nous allons fêter ? Est-ce que le gouvernement va nous aider ? Mais vu que c’est un élément qui a frappé toutes les portes, alors ce qu’il faut comprendre, ce n’est pas quelqu’un qui a souhaité ce qui est arrivé. Ce n’est pas un évènement qui est provoqué pour faire obstacle aux chrétiens. C’est une coïncidence », dira-t-il. Et de les inviter à s’adapter aux réalités qui s’imposent : « Voilà pourquoi particulièrement je demande à mes fidèles que nous devrons nous adapter à ce qui est arrivé. Peut-être que les autorités vont nous aider à mieux fêter mais nous devons nous calmer et prendre les choses positivement. C’est normal de se retrouver en famille de Dieu. Mais on peut aussi bien prier tout en restant à la maison. On peut bien être en communion avec ceux qui prient à l’église. On peut bien avoir de bonnes manières à la maison sans se déplacer »,

Malgré cette crise, le paroissien Roger Kamano, a rappelé l’importance de la joie associée à la nativité  du Christ.

 »Lorsque vous enregistrez la naissance d’une personne dans votre famille, c’est toujours un plaisir. C’est la venue de Celui qui nous sauve. C’est vraiment un très grand sentiment de joie », a-t-il déclaré.

Pour ce qui est de la crise que traversent les Guinéens, M. Kamano a mentionné : « Quant à la situation actuelle, les difficultés sont inhérentes à la vie. Cette crise de carburant vient s’ajouter à la réalité qui existait avant. Réalité liée au déplacement mais réalité liée à la préparation de la fête ». Aux chrétiens, il a laissé entendre : « Notre paroisse est telle sorte que, quel que soit l’endroit dans lequel vous logez, on peut venir à pied au pire des cas quand on a la volonté. Lorsque nous avons la volonté de venir voir la naissance de notre Seigneur, de venir rencontrer les autres frères et sœurs pour partager avec eux ces moments de joie, on peut le faire. On doit accepter de se déplacer en marchant pour trouver des raccourcis juste parce que nous avons la ferme conviction que c’est notre sauveur qui vient ».

Fervente chrétienne catholique, Maomy Brigitte Sanama, a partagé son expérience relative à ces préparatifs de cette importante fête de l’église catholique. Elle a souligné par endroits, les difficultés auxquelles font face les fidèles à l’approche de Noël.

« Avant même le jour de Noël, les préparatifs ont été comme une course contre la montre pour les gens qui doivent se rendre sur les marchés pour leurs achats », a-t-elle rappellé.

Lors d’une récente excursion au marché Madina, elle a raconté avoir dépensé près de 150 000 GNF pour le transport aller-retour, marchant même de Madina jusqu’au pont de l’aéroport. Cette situation, a-t-elle décrit, est loin d’être aisée, puisqu’elle est liée à la crise de l’essence. Dans la même lancée, elle a dénoncé également les pratiques de certains commerçants qui, faute d’essence, augmentent drastiquement les prix de leurs marchandises.

 « Certains revendeurs vendent le litre d’essence entre 40 000 et 45 000 GNF, ce qui se répercute sur le coût des produits », a-t-elle déploré, ajoutant que cette surenchère des prix rend les préparatifs de Noël particulièrement éprouvants.

Autres préoccupations soulevées par cette fidèle de l’église catholique, ce sont également des inquiétudes quant à la célébration de la fête elle-même. Puisque, certaines indiscrétions font croire qu’il n’y aurait pas cette fois-ci de veillée de prière, la nuit du 24 décembre.

« Les festivités de Noël, habituellement prolongées jusqu’aux premières heures du jour suivant, pourraient cette année être compromises en raison de la situation actuelle du pays. L’insécurité prévaut et certains parents expriment leur réticence à participer aux célébrations », a renseigné Maomy Brigitte Sanama.

Dans cette ambiance marquée par les défis économiques et les craintes sécuritaires, les préparatifs de Noël prennent une tournure particulièrement difficile pour de nombreux fidèles, remettant en question la traditionnelle allégresse de cette période sacrée.

Faut-il mentionner que ce n’est pas seulement qu’en Guinée que la crise a jeté une ombre sur la célébration de la nativité de Jésus Christ. Des régions telles qu’Israël, la Palestine et les zones contrôlées par le Hamas, la célébration de Noël a été affectée par le conflit qui a déjà coûté la vie à plus de 20 000 personnes selon les statistiques officielles.